Principaux résultats

Cette page présente les résultats scientifiques principaux issus de nos travaux sur l’humour et l’apprentissage social chez le bébé. Elle est mise à jour à l’occasion de chaque nouvelle avancée réalisée par notre équipe de chercheur·es

Dernière mise à jour : juillet 2024.

Une étude pionnière (Esseily et al, 2015)

Dans une étude publiée dans la revue scientifique “Cognition and Emotion”, notre équipe a été la première à montrer un effet massif de l’humour sur l’apprentissage social chez le bébé

Le protocole :

Dans cette recherche, des bébés âgés de 18 mois devaient résoudre une tâche d’imitation difficile pour cet âge-là. Un expérimentateur leur montrait comment réaliser la tâche : soit de manière neutre, soit en ajoutant une forme d’humour à la démonstration. 

Nos principaux résultats :

Chez les bébés ayant ri lors de la démonstration humoristique (environ ⅓ des bébés exposés à cette démonstration), presque tous avaient imité la tâche. En comparaison, le score d’imitation était beaucoup plus faible pour les enfants n’ayant pas ri à cette démonstration, et pour ceux exposés à la démonstration neutre.

Référence complète de la publication : Esseily, R., Rat-Fischer, L., Somogyi, E., O’Regan, K., & Fagard, J. 2015. Humor (production) may enhance observational learning of a new tool use action in 18-month-old infants. Cognition and Emotion, 30(4), 817–825. http://dx.doi.org/10.1080/02699931.2015.1036840

Généralisation des résultats (étude en cours de publication)

L’équipe EmoLearn a chercher à déterminer si ces résultats sont généralisables :

Les questions que l’on se pose :
  • Les bébés comprennent-ils l’aspect humoristique de notre démonstration avant l’âge de 18 mois ?
  • Sont-ils capable d’imiter notre tâche avant 18 mois dans un contexte humoristique, alors que les études précédentes suggèrent que c’est très rarement le cas pour une démonstration neutre (Rat-Fischer et al, 2012) ?
Le protocole :

Nous utilisons la même tâche que dans l’étude pionnière, et les même démonstrations neutre et humoristique, cette fois avec un groupe d’âge plus élargi : de 14 à 22 mois.

Des mesures supplémentaires par rapport à l’étude pionnière :
  • une analyse fine et automatisée des expressions faciales et des mesures physiologiques pour mieux évaluer la réponse émotionnelle des bébés : à l’aide d’un petit bracelet électronique, nous pouvons mesurer en continu les battements cardiaques, la température de la peau et la conductance.
    Ces mesures, très simples et non invasives, nous permettent de mieux appréhender les émotions des bébés tout au long de notre tâche, et en particulier pendant la démonstration
  • un questionnaire de tempérament pour mieux comprendre les différentes réactions des bébés à notre démonstration humoristique
Résultats préliminaires :

Nos premiers résultats confirment que les bébés exposés à une démonstration humoristique imitent davantage que les bébés en contexte neutre.
Cet effet semble s’observer dès l’âge de 16 mois ! Cependant, avant 16-17 mois, les bébés rient peu à la démonstration humoristique, suggérant un développement de la compréhension de l’humour autour de l’âge d’un an et demi.

Référence citée : Rat-Fischer, L., O’Regan, J.K., & Fagard, J. (2012). The emergence of tool use during the second year of life. Journal of Experimental Child Psychology, 113(3), 440-446. https://doi.org/10.1016/j.jecp.2012.06.001

Exploration des mécanismes (études en cours 2022-2025)

Plusieurs études sont en cours pour explorer les facteurs impliqués dans l’humour et leurs mécanismes d’action sur les apprentissages des touts petits :

  • Etude A (en cours de publication) : L’humour implique une situation surprenante, qui vient à l’encontre des attentes des bébés, avant de les faire rire. L’équipe EmoLearn s’est d’abord attelé à l’identification des marqueurs de la surprise chez les bébés au cours de la deuxième année de vie.


    Nos résultats indiquent que le meilleur indicateur de surprise chez les bébés sont les regards vers la personne qui produit de l’humour : un bébé surpris regardera davantage et plus longtemps l’adulte qu’en condition neutre.
    Les autres indicateurs testés (expressions faciales, variabilité cardiaque, interruption des mouvements) semblent davantage signaler l’attention et l’anticipation du bébé envers la situation humoristique, plutôt que la surprise.
  • Etude B (en cours) : Pour voir si la surprise peut avoir un effet aussi fort sur l’apprentissage que l’humour, nous réalisons une étude comparant l’effet de trois types de démonstration sur l’apprentissage à 18 mois :
    – Démonstration humoristique
    – Démonstration surprenante (sans humour)
    – Démonstration neutre

    Nos résultats préliminaires sur 57 bébés suggèrent que la surprise améliore l’apprentissage social des bébés, mais pas de la même manière que l’humour. L’analyse des données cardiaques suggère que les bébés ont une variabilité cardiaque réduite en condition humoristique, mais pas en condition surprenante, ce qui pourrait expliquer cette différence.
  • Etude C (en cours) : L’utilisation de l’humour permet de créer une relation d’affiliation entre deux personnes. Or on sait que l’affiliation peut améliorer l’apprentissage, y compris chez les bébés. Peut-on expliquer les effets de l’humour par cette simple instauration d’affiliation ?
    Pour le savoir nous avons testé l’apprentissage des bébés suite à une démonstration humoristique en présence/absence d’un individu affilié : soit en présence du démonstrateur (affilié), soit en présence d’un autre expérimentateur (non affilié), soit en l’absence d’expérimentation (condition contrôle).

    Nos résultats préliminaires sur 51 bébés suggèrent que l’affiliation a un effet sur l’apprentissage social des bébés : en présence d’un individu affilié, les bébés apprennent mieux qu’en présence d’un individu non affilié, qu’ils aient ri à la démonstration humoristique ou pas.
    En absence de l’individu affilié (condition contrôle), les bébés apprennent mieux lorsqu’ils n’ont pas ri que lorsqu’ils ont ri. Ce résultat surprenant suggère que les bébés qui se sont plus particulièrement affilié au démonstrateur par le biais de l’humour apprennent moins bien lorsque ce dernier s’absente lors de la restitution, et souligne l’importance de l’affiliation dans l’humour. Ce résultat devra être confirmé dans les mois qui viennent sur un échantillon plus important.

Le projet Emolearn

Et si les Bébés apprenaient mieux en riant ?

Cliquez sur les boutons ci-dessous pour avoir plus d’informations sur les objectifs et le fonctionnement, l’équipe et les communications ou les résultats obtenus sur le projet de recherches ANR Emolearn conduit avec le Babylab et le Centre de Recherches LECD à l’université Paris Nanterre

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